Ouidah
Nous décidons de nous rendre directement à Ouidah ville qui est tristement célèbre pour avoir été, durant les 16ème , 17ème et 18ème siècles, un des principaux points d’embarquement des esclaves Africains vers le Nouveau Monde.
le Benin c’est aussi la terre du vodoun, culte « animiste »
L'entrée de la ville
Des stands "souvenirs"
Et dès notre arrivée, nous nous rendons en ville pour visiter le temple des pythons, où vivent 40 d'entre eux. Un jour par semaine, le temple ouvre ses portes de nuit, afin de laisser sortir, dans la ville, les pythons qui vont trouver eux-mêmes leur nourriture.
Si après 24H, tous les serpents ne sont pas rentrés, les villageois les ramènent.
C’est ici que nous retrouvons notre guide.
Et juste en face du temple des pythons se trouve la Basilique immaculée conception de Ouidah symbole du christianisme que beaucoup pratiquent également. C’est une structure de style néo-gothique, vieille de plus de 100ans (construite en 1909), et dotée d’une madone, appelée la Madone de Ouidah.
Notre guide nous explique que certaines personnes passent facilement de la Basilique au temple des pythons.
Puis nous nous rendons sur la place Chacha de Ouidah (la place des enchères). C’est sous cet arbre et en cette place que se tenaient les enchères publiques pendant lesquelles les esclaves destinés aux Amériques étaient troqués contre des marchandises de pacotille.( miroir, collier etc...)
La faute humaine est une colline.
Chacun grimpe sur la sienne pour observer celle de l’autre.
Proverbe africain
Ensuite, nous continuons notre chemin et nous arrêtons devant l'arbre de l'oubli. Les hommes esclaves devaient tourner autour de lui 9 fois, les femmes 7. Ces tours étant accomplis, les esclaves étaient censés devenir amnésiques, ils oubliaient complètement leur passé, leurs origines, et leur identité culturelle, pour devenir des êtres sans aucune volonté de réagir ou de se rebeller. Sous l’arbre de l’Oubli les esclaves étaient marqués au fer, selon l’empreinte de l’acheteur.
Nous empruntons maintenant la piste de 4 km reliant la ville de Ouidah à la mer, qu'empruntaient, à l'époque, les esclaves qui quittaient les forts où ils étaient emprisonnés pour rejoindre la plage, où on les embarquaient sur les bateaux.
Nous avions pensé parcourrir cette route à pied mais le temps et surtout nous n'en avons pas eu le courage sous le soleil.
Quelques centaines de mètres plus loin, se trouvait dans un village la case de Zomaï. Zomaï signifie " là ou le feu ne va pas"
Un mémorial du souvenir l’a remplacé. Les esclaves étaient enfermés dès leur arrivée dans de petites cases aveugles, pendant trois à quatre mois et d’où ils ne sortaient que pour être transférés vers l’arbre du retour. Cette séquestration absolue les désorientait totalement, ils restaient durant tout leur séjour dans l'obscurité totale, ce qui empêchait toutes tentatives de fuite ou de rébellion.Ce séjour ici les conditionnait pour la vie de promiscuité et d’obscurité des cales des négriers.
Ce qui te fait mal, fait mal aussi à ton voisin. Proverbe Africain
La route est jallonée de statues qui ont toutes une signification
Le guide nous explique à partir des stèles le rôle que les rois ont joué dans le développement du commerce.
Certaines statues, représentent des divinités ou d'anciens rois.
Malheureusement je ne me souviens plus de toutes les explications !!!
La jambe coupée symbolise la guerre, la flèche , la lutte contre ses parents
et le balai symbolise la morale " chacun balaie devant sa porte ".
La case de Zomatchi, Les premiers frères, descendants d’esclaves, revenus de Haïti, et la société civile ont érigé en 1993 une case sur la route des esclaves qu’ils ont nommée la case de Zomatchi. Ce qui signifie : « le feu qui ne s’éteint pas ». Elle est comme le flambeau de l’amitié, de la paix qui ne s’éteint pas. En 1998, les notables de la ville de Ouidah se sont agenouillés pour demander pardon, à Dieu et à leurs frères de la Diaspora, pour les péchés de leurs ancêtres qui ont collaboré avec les acheteurs d'esclaves.
Les bas-relief retracent toutes les étapes de la Route des esclaves et se termine sur les sept sénateurs Noirs Américains.
Nous quittons ce lieu et nous traversons à pied un village pour nous rendre vers le cimetière des esclaves. Une fosse commune de 8 mètres de profondeur y a été creusée pour ‘jeter’ ceux qui n’ont pas survécu. Certains ont trouvé la mort dans des conditions de vie inhumaine dès leur capture, d’autres ont préféré se donner la mort (en avalant la terre du sol, en s’égorgeant avec leurs chaines...) La mort était pour ces hommes le seul espoir de libération.
En mémoire de ceux qui ont été jetés là, un mur , appelé « mur des lamentations » a été construit. Le marron symbolise les noirs, le rouge symbolise le sang, la couleur noire symbolise les chaînes.
Ce moment est fort en émotion et n’est vraiment pas simple à vivre.
La mort est toujours une chose nouvelle. Proverbe Africain
Nous continuons vers l’arbre du retour. Le roi du Dahomey, Agadja, a planté l'Arbre du Retour sur la grande place de Zoungbodji, marquant ainsi le point des derniers adieux.
En sortant de Zomaï, les esclaves devaient faire trois fois le tour de cet arbre. Cette cérémonie signifiait que leur souffle reviendrait ici après leur mort. Le retour dont il est question ici n’est donc pas physique mais mystique.
L’espoir est le pilier du monde. Proverbe Africain
Une amazone
La Route se termine sur la plage de Djegbadji où les esclaves étaient embarqués sur des pirogues, avant d'atteindre les grands bateaux,pour Haïti, mais aussi Cuba et le Brésil. 20% d’entre eux allaient mourir durant la traversée.
La plage était la dernière étape pour les esclaves, la dernière vision de l'Afrique qu'ils emmenèrent avec eux à l'autre bout de l'océan sans espoir de retour.
Soucieux de garder mémoire de cette tragédie, la république du Bénin et l’Unesco ont érigé sur la plage de Ouidah une porte du Non-retour : mémorial pour ces millions d’hommes, de femmes et d’enfants déportés. On estime à plus de 11 millions le nombre d’esclaves ainsi emmenés dans le commerce « triangulaire ». Deux millions environ ont été embarqués à partir de la baie du Bénin (soit de Lagos, soit de Ouidah).
Nous repartons avec des images, des mots en tête.
Cette période historique ne nous laisse pas insensible et nous quittons ce lieu avec un sentiment d’avoir peut- être un peu mieux compris ce qui a été vécu.